★ PROGRAMME V31|03 21h-3h _ L10|04 16h-24h _ INTANG#9 ALEXA YEPES & EDWIN ESPINOSA 28|29|30 AVRIL ★
El Salón de Tango – A Bailar Tango MONTPELLIER
Bailarinas, bailarines,
Merci aux nombreux danseurs venus danser le tango argentin à “Melodia Oriental” et remuer parfois des hanches sur les cortinas exotiques de DJ Philippe NGUYEN.
Ceci ne prouve pas que “Melodia Oriental” est le chaînon manquant entre le tango argentin et la danse orientale. Ce sont les peintres orientalistes qui ont contribué à la réputation sulfureuse de la danse orientale appelée trivialement “danse du ventre” par les soldats de retour de la campagne d’Egypte (d’où la présence de Napoléon sur le visuel). L’érotisation des corps par la peinture orientaliste a nourri également le fantasme du harem, paradis sexuel en terre arabo-musulmane, qui s’est propagé dans le cinéma, la BD, le roman etc.. au service de l’idéologie coloniale.
Dans le tango argentin, c’est le même phénomène d’érotisation poussé à l’extrême -notamment dans les spectacles de “tango for export”- qui, associé au mythe qui situe l’acte de naissance du tango dans les bordels portègnes, a assujetti tout un imaginaire au désir masculin. Mais en réalité, dans la milonga, les rapports hommes-femmes sont surtout marqués par un type de camaraderie assez original.
Parce qu’elle est une composante de l’art académique (aussi surnommé “art pompier”), la peinture orientaliste a perdu de sa superbe avec l’essor de la photographie et l’avènement des avant-gardes. Le coup de grâce viendra du mouvement surréaliste qui, à contre-courant de l’idéologie dominante de l’époque, tourna en dérision les démonstrations auto-glorifiantes de l’Empire français lors des grandes expositions coloniales. https://www.youtube.com/watch?v=F62xcPWA5A8
L’indépendance de l’Algérie en 1962 marquera la fin de la peinture orientaliste en France et s’est bien dommage parce ça s’accorde avec presque tout.
L’Orientalisme raffole de créatures sauvages. En songeant au passage de la Milonga Feroz à Melodia Oriental, je me suis souvenu que certains tangueros s’étaient étonnés de la présence d’une toile orientaliste animalière dans l’entrée du Salon de tango peu de temps après son ouverture (2014). De facture un peu gauche, non signée, le tableau datait vraisemblablement de la fin du XIXème. Il représentait deux fauves se repaissant d’un mets carnivore. En se rapprochant un peu, l’observateur pouvait lire le titre indiqué sur un cartel fixé à même la toile : “Léopold II dévoré par deux léopards”. Le Congo belge, propriété personnelle du Roi Léopold II, fut le théâtre d’une colonisation atroce https://information.tv5monde.com/afrique/Il-pleut-des-mains-sur-le-congo-lethnocide-colonial-belge-oublie et du reste, quelques temps après ce discret canular, en 2018, le plus ancien musée colonial du monde de l’époque, le Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren (Bruxelles) fut le sujet de vives polémiques https://www.youtube.com/watch?v=SqJjVjjYDOE.
Notre petit détournement, qui s’inspire des procédés promus par les surréalistes, relève également de l’uchronie, un genre qui repose sur le principe de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification du passé. Un exemple récent d’uchronie réside dans le roman “Civilizations” (2019), dans lequel l’auteur, Laurent Binet, imagine l’échec des conquistadors espagnols aux Amériques, le débarquement de l’empereur inca Atahualpa en Europe en 1531 et la mondialisation alternative qui s’en suit.
Dans le cinéma, se distingue l’uchronie vengeresse de Quentin Tarantino, “Inglorious Basterds” https://www.konbini.com/pepite/avec-inglourious-basterds-tarantino-signait-sa-premiere-uchronie-vengeresse/ qui narre l’élimination de hauts dirigeants nazis par un commando de soldats juifs. A l’opposé, de nombreuses uchronies (littérature, cinéma, …) explorent les conséquences de la victoire des puissances de l’axe https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-science-friction/20150202.RUE1328/et-si-les-nazis-avaient-gagne-l-uchronie-dont-la-sf-ne-se-lasse-pas.html.
Mais il ne faut pas oublier que les hommes ont peint avant d’écrire et donc la bonne question à se poser me paraît plutôt celle-ci : quelle tournure aurait pris le XXème siècle si l’Académie des Beaux Arts de Vienne n’avait pas rejeté la candidature du jeune Adolf Hitler en 1907 ?
Cette chronique s’approchant dangereusement du point Godwin, l’équipe rédactionnelle (le rédacteur en chef, son adjoint, 3 pigistes et une standardiste) y met un point final ici même.
A Bailar, Amed Yalouz
https://abailartango-montpellier.com/
https://elsalondetango.com/ |